Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi fêtons-nous les anniversaires ? Aujourd’hui, le 26 mai 2020, c’est mon anniversaire. Et pas n’importe lequel : j’ai 30 ans. Oui, vous avez bien lu. Moi, enfant des années 90s, je rentre dans la trentaine, merci bien. Et je vous avoue que du coup, je me demande qui a bien pu inventer ce fameux rite de passage…
Pourquoi fêtons-nous les anniversaires et quelle joie en tire-on ?
Certains attendent ce jour avec impatience et d’autres détestent clairement le fêter. Bien souvent, plus on vieillit, moins nous sommes enchantés à l’idée de le célébrer. Le jour de notre naissance, nous rappelle indirectement notre âge et le temps qui passe… #tristesse.
Alors, oui me diriez-vous, pourquoi se réjouir de vieillir en pourquoi fêtons-nous chaque année les anniversaires ? Et bien, tout d’abord, parce que célébrer une personne, c’est se réunir autour d’elle et se réjouir de son existence. Être entouré de nos proches (famille et amis) pour souffler nos bougies c’est dire au revoir à l’année passée mais surtout accueillir l’année future. Celle qui sera l’occasion de se réinventer, pour entreprendre de nouvelles aventures et autres sources d’accomplissements.
Fêter un anniversaire, ce n’est pas que célébrer une personne, mais aussi fêter une date d’un évènement par exemple. La commémoration a pris une ampleur symbolique dans notre société. Le « Vivre ensemble » d’un peuple, passe par partager des souvenirs communs, et ainsi avoir une mémoire collective. Une belle idée.
Enfin, il faut rappeler que beaucoup de droits ne peuvent être acquis, qu’à partir d’un certain âge dans de nombreux pays. Aussi, en France par exemple, la majorité (le passage à l’âge adulte) est à 18 ans. Cette anniversaire entraîne ainsi le droit de vote, de conduire, de consommer de l’alcool… Certes, les 18 ans, c’est vrai qu’en général personne ne fait la fine bouche pour ne pas les fêter ! Moins solennel que les 40 balais. On est bien d’accord. Mais alors, pourquoi fêtons-nous les anniversaires ???
Le rite de l’anniversaire, un passage obligé
Les coutumes actuelles
En France, et plus généralement dans le monde occidental, on réunit la famille et les amis, autour d’un beau gâteau décoré de bougies. C’est au milieu du XXème siècle, qu’est apparu en Europe, l’anniversaire comme nous le connaissons : ambiance festive, jolie décoration, musique, champagne, cadeaux, et le fameux « faire un voeu en fermant les yeux » ! Cette mode s’inscrit dans l’essor de la société de consommation et de l’individualisme, mais aussi dans la croissance de la durée de vie.
Le gâteau d’anniversaire
De 7 à 77 ans, pas d’anniversaire sans gâteau ! La forme ronde du gâteau, vient de l’Antiquité, et du culte que les grecs vouaient à Artémis, En effet, déesse de la nature et de la chasse, Artémis était associée à la lune, par opposition à son frère jumeau Apollon, dieu du soleil. Des gâteaux ronds, de farine et de miel, faisant référence à la pleine lune, lui étaient alors offerts en offrande.
Le gâteau d’anniversaire est rentré au « Panthéon des pâtisseries », celles qui rythment le calendrier social : le pain d’épices de la Saint-Nicolas, la bûche de Noël, la galette des rois de l’Épiphanie, les crêpes de la chandeleur… Mais aussi, les pièces montées de choux à la crème pour les baptêmes ou les wedding-cakes pour le mariage.
Il est de tradition que ce soit à la personne célébrée, de couper la première part. Le gâteau évoque ainsi le partage. Chaque part est donnée à un invité, un proche venu célébrer l’anniversaire de l’heureux élu. On peut le voir aussi comme un signe de soutien, qui rappelle que le temps n’épargne personne. #joie
Les bougies d’anniversaire
Les bougies symbolisent le temps qui passe. Quand on est enfant, on décore le gâteau du même nombre de bougies que d’années passées. A l’âge adulte, c’est un peu plus compliqué (ou alors il faut un très grand gâteau et surtout avoir le stock de bougies dans le tiroir).
La coutume du gâteau d’anniversaire et des ses bougies remonte au XIIIème siècle, en Allemagne. Lors de goûters d’anniversaire, appelés « Kinderfeste », l’enfant soufflait ses bougies en émettant un voeu.
Les bougies ont donc un côté magique : elles ont le pouvoir d’exaucer un souhait ! Lorsqu’elles sont toutes allumées, la personne dont c’est l’anniversaire, doit fermer les yeux et penser très très fort à un voeu, qui se réalisera en soufflant pour éteindre les bougies. Les plus superstitieux diront que si elles ne s’éteignent pas toutes d’un coup, le souhait ne se réalisera pas. Il en va de même si on ne sait pas tenir sa langue et qu’on révèle son voeu aux autres…
L’aspect magique de la bougie, pourrait trouver sa source dans les contes des Mille et une nuit, où le génie de la lampe d’Aladdin, est capable d’exaucer les souhaits. D’autre part la bougie peut également faire référence aux cierges qui illuminent les lieux de cultes, depuis que l’homme vénèrent des divinités.
Ainsi, les bougies sont disposées pour rendre hommage et porter bonheur à l’individu célébré. Enfin, la lumière de la bougie peut être vu comme une veilleuse dans la nuit, protégeant l’enfant et le guidant vers sa destinée. Elle lui porte chance.
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La chanson « Joyeux Anniversaire »
On se souvient toutes de l’interprétation sensuelle de Marilyn Monroe, lorsqu’elle chantait Happy Birthday Mr. President ♩ à John F. Kennedy (1962). Inoubliable. La chanson « Happy Birthday to You ♩ » vient de la comptine Good Morning to All, écrite et composée en 1893 par deux sœurs américaines. Cette chanson, à l’origine célébrée dans les pays anglo-saxons, puis traduite dans de nombreux pays, est devenue l’hymne d’anniversaire, chantée à l’arrivée du gâteau.
Depuis quand fêtons-nous les anniversaires ?
Tout d’abord, intéressons-nous à l’étymologie du mot « anniversaire » : il vient du mot latin « anniversarius ». Il est formé de « annus » (non non ce n’est pas drôle, je vous vois venir, ça signifie seulement « année » ) et « versus » (le participe passé du verbe « vertere » qui veut dire « revenir »). Donc littéralement « qui revient tous les ans ».
Une fête traditionnelle & ancestrale
Déjà à l’Antiquité, le jour de naissance d’une personne était symbolique.
En Egypte, les pharaons célébraient le jour d’anniversaire de leur montée sur le trône et on reporte qu’ils fêtaient leur 30 ans de règne (tiens, tiens…). C’est une des formes connue de l’anniversaire la plus ancienne. Des festivités majestueuses étaient organisées, et nos cadeaux actuels étaient plutôt des offrandes et des sacrifices. Charmant.
Chez les Grecs, un esprit protecteur (appelé daimôn) assistait à la naissance de chaque enfant et veillait sur lui tout au long de sa vie. Au cours des siècles, cette pensée a continué de se répandre et a évolué en marraine la bonne-fée, ange-gardien, saint-patron…
Ils furent les premiers à allumer des bougies sur des gâteaux de miel ronds (comme la pleine lune). Sur les autels du temple d’Artemis (Diane chez les Romains), éclairés par des cierges, ils y déposaient leurs offrandes sucrées.
En Orient, l’astrologie tenait déjà une très grande place. Chez les Chinois et les Perses par exemple, on célébrait lors de grands festins le jour de la naissance. Bien plus tard, au XIIIème siècle Marco Polo, en décrivit le déroulement lorsqu’il assista à l’anniversaire de l’empereur de Chine, Kubilai Khan.
Chez les Romains, la natalice (du latin natalicia) désignait le repas d’anniversaire de naissance. Il était cependant réservé aux empereurs, et prenait la forme d’un rite religieux avec des sacrifices.
Une fête considérée comme païenne
Au Moyen-Âge, la fête d’anniversaire de la naissance d’un individu tend à disparaître. Par contre, les anniversaires d’un évènement marquant eux, persistent, et sont même très nombreux dans le calendrier des différentes civilisations. Par exemple, La Pâque chez les Juifs, désigne l’anniversaire de la sortie de l’Égypte. L’Épiphanie, l’Ascension, Pentecôte chez les Chrétiens, sont célébrées le jour même où eurent lieu les différents actes et miracles. Chez les musulmans, le jour où Mohamed dut fuir la Mecque, représente le premier jour de l’année.
Pourquoi alors les anniversaires de naissance ne sont-ils pas célébrés ? D’une part, parce que la date de naissance est rarement connue à cette époque. Ensuite, parce que l’Église catholique romaine souhaite rompre avec ce culte païen des religions polythéistes. #sacrilège
Enfin, la naissance évoque le péché originel, et la célébrer est un péché d’orgueil. Rien que ça. L’Église préfère donc, que l’on célèbre la fête du Saint-Patron, qui correspond au prénom de baptême, donné à l’enfant, ou bien l’anniversaire de la mort du défunt (la véritable naissance dans l’au-delà).
Une fête peu à peu réhabilitée
En Europe, le début de la tradition de Noël se généralise au IVème siècle, pour commémorer la Nativité, et réhabilite ainsi la célébration de l’anniversaire d’un individu (en l’occurence pas n’importe lequel : le Christ).
Puis, il faut attendre le XIIIème siècle, pour que l’on commence à enregistrer les dates de naissance des enfants et des femmes, dans les paroisses. À ce propos, il ne faut pas oublier que l’on connaissait très mal les dates exactes des jours de naissance, et ce, même chez les nobles. Alors ne parlons pas des serfs, qui ne notaient pas forcément les années écoulées.
À l’époque de la Réforme protestante, au XVIème siècle, avec l’essor des horoscopes qui prédisent des destinées et des prophéties, il devient indispensable de connaître sa date de naissance (la reine Catherine de Médicis s’entoure même du célèbre Nostradamus). De plus la volonté de réfuter le culte des saints, redonne ses lettres de noblesse à la célébration de l’anniversaire. Le jour de la naissance devient la volonté de Dieu.
Une fête rentrée dans les moeurs françaises
Il faudra attendre le XVIIIème siècle, pour que la tradition de l’anniversaire se démocratise. Dans les pays Anglo-saxons, on commencera à célébrer séparément le jour de naissance et la fête du Saint-Patron (le Saint qui porte notre nom).
Puis, au XIXème siècle, l’anniversaire s’installe dans le folklore français, et est même inscrit dans les traités du savoir-vivre et décrit comme « une charmante coutume venue d’Angleterre ». Enfin, au XXème siècle, sa célébration se propage chez la bourgeoisie et même dans le monde ouvrier.
À l’heure d’aujourd’hui, pourquoi fêtons-nous les anniversaires ?
L’anniversaire, un marqueur social
Aujourd’hui, l’anniversaire est devenu un vrai rituel sociétal et un marqueur social. La date de naissance nous définit : avec l’année (enfant des nineties) ; la saison (une fille du printemps) ; le mois (en mai fait ce qu’il te plaît) ; les signes astrologiques (Gémeaux)… et s’inscrit dans notre quête de valorisation et de connaissance de soi.
De plus, il permet aussi de cultiver les liens sociaux, notre besoin de reconnaissance (au travers de ceux qui nous le souhaitent), notre besoin de popularité (ceux qui nous offrent des cadeaux) et enfin notre besoin d’affection (ceux qui se rendent disponibles pour le célébrer avec nous).
Et vous ?
☞ Alors maintenant, vous êtes incollables pour répondre à la question « Pourquoi fêtons-nous les anniversaires ?« . Désormais, peut-être verrez-vous différemment votre date d’anniversaire, et qui sait, vous aurez envie de le célébrer, avec tous vos proches.
D’ailleurs, vous faites partie plutôt de la Team « Je le fête tous les ans » ou de la Team « Je déteste le fêter » ?
— Merci pour votre visite et merci d’avoir était curieuse / curieux —
Explorez, souriez et cultivez votre curiosité !
Sources | L’Anniversaire d’Alain Montandon ; La langue française ;
Crédits photos | Unplash | Joyce Adams, Marina Lima, Alex Loup, Dilyara Garifullina, Annie Spratt, Dieter K
2 Commentaires
Bihan
5 février 2022 à 14 h 29 minBonjour,
Vos recherches dans tous les domaines sont tout simplement tres interessantes a lire , sur instagram.
Votre passion créatrice vous prend du temps , Merci de penser a vos abonnés ..Une bonne continuation.
Au plaisir de vous relire.
Je vais créer un petit site instagram, d’ici peu
martine
18 novembre 2022 à 12 h 48 minBonjour
D’après vous peut on fêter son anniversaire la veille ?
Par avance merci
MC